Cinéma / Agenda
Ni Chaînes Ni Maîtres
Septembre 2024
Photo issue de la bande-annonce du film.
Une épopée au rendez-vous de la captivité à la libération du corps et de l’esprit
« Ni Chaînes Ni Maîtres », un jour, cet enchaînement de mots sans ponctuation s’affiche sur mon écran. Mais qu’est-ce ? Me dis-je, avant de constater par l’affiche liée au message que c’est l’annonce d’un nouveau film ayant l’esclavage en toile de fond.
Dans mon inconscience d’alors, se déclenche l’ébullition d’un questionnement dont la curiosité trouve réponse le lundi 9 septembre, lors d’une projection professionnelle à laquelle je suis invitée par mon camarade Célio Mirande. Concepteur de jeux de sociétés distribués sous sa marque « Conficulture », Célio nous propose en rentrée 2024/2025, son jeu quiz « Ni Chaînes Ni Maîtres », dédié au film de Simon Moutaïrou, qui, déjà co-scénariste de L’Assaut, Goliath et de Boîte noire, passe le cap de la réalisation avec ce premier long-métrage. Avec sa sortie en salle depuis le 18 septembre, je me demande encore, comment, vous relater sans spolier, ce film « Ni Chaînes Ni Maîtres », vu avec aise dans un confortable fauteuil niché au sein du superbe cadre du Club 13, situé rue Hoche entre l’Arc de Triomphe et le Parc Monceau.
En sortie de projection, quelques pointures du métier sont présentes en ce lieu mythique et incontournable du 7ᵉ art, mais que nenni, points de selfies ou autres clichés captés. Allez voir ce film qui va sans contexte marquer son époque, et vous comprendrez que ces activités du monde contemporain n’avaient point leur place là, en ce moment de bousculades émotionnelles se jouant en mon corps et esprit. Toutefois, Célio souhaite me capter à chaud quelques mots. Peu friande de l’exercice de ce côté de la caméra, je me prête au jeu de manière maladroite, mais avec la certitude avérée de souhaiter combattre à ma petite échelle avec la force des autres échelles, pour du plus jamais ça, même s’il existe toujours d’autres genres de mises en esclavage que celui de la traite négrière. Pour quelqu’un comme moi qui n’aime lire, ni les dos des livres, ni les synopsis des films, je me retrouve dès les premières scènes plongées dans un univers d’exception, sans connaître l’essentiel du chemin sur lequel l’histoire nous mène. À part les belles images servies par de superbes plans, quelle satisfaction d’entendre dans les échanges la sonorité de ce langage du patrimoine africain retranscrit en sous-titrage. Sans trop vouloir m’avancer, il me semble que son utilisation dans un film traitant de l’esclavage, est une première. L’inédit est aussi de suivre des histoires d’esclaves qui décident de se créer un chemin vers la liberté, que ce soit de leur souhait ou selon des circonstances de vie. Les paysages sont prenants, nous sommes sur L’Isle de France l’ancien nom de l’Île Maurice, là aussi ce n’est pas habituel de voir l’esclavage traité en ce lieu géographique. Que ce soient les relations entre les maîtres et leurs dirigeants, les maîtres et leurs esclaves, la place de la femme noire et blanche, celle de l’héritage de sang, et bien d’autres points, rien ne se laisse en marge dans ce film, la profondeur est présente tout du long.
Photos issues de la bande-annonce du film.
« Ni Chaînes Ni Maîtres », est aussi le témoignage que dès leurs captures, les victimes, esclaves de la traite négrière ont vécu avec la seule pensée de briser leurs chaînes. Rester en captivité n’a jamais été une fin en soi. Et c’est en cherchant la liberté à n’importe quel prix qu’un esclave devient Marron, soit un fugitif qui rompt pour toujours la puissance de l’ordre colonial. Oui, je ne me lasse pas de l’écrire, « Ni Chaînes Ni Maîtres », n’est pas qu’une simple fiction sortie d’un imaginaire humain, c’est un film dont les grandes lignes s’appuient sur des faits historiques réels, témoignages de la volonté d’hommes et de femmes qui se sont levé.e.s un jour dans leur vie contre les violences psychiques et les châtiments corporels dont ils étaient victimes sous le joug des lois érigées par le code noir des hommes blancs, influant dans le crime contre l’humanité de la traite négrière. Il est entre autres inscrit dans ce dit code noir, qu’un esclave qui se sauve aura à la première tentative l’oreille coupée et la fleur de Lys marquée à l’épaule, à la seconde tentative, ce sera le jarret coupé et le marquage des deux épaules de la fleur de lys, la peine de mort est le cadeau de la troisième tentative.
À part sa cadence hargneuse qui me mène à me sentir fendre l’écran afin de me retrouver auprès de ses Marronnes et Marrons, « Ni Chaînes Ni Maîtres », me laisse un constat de la place tenue par l’amour à connexion variable durant tout son déroulé, jusqu’à nous mener à vivre en même temps que ses esclaves déportés en majorité depuis le Sénégal une fin qui nous témoigne de ce qu’est leur volonté de LIBERTÉ.
Ne vous privez pas, allez en salle voir « Ni Chaînes Ni Maîtres » sur l’histoire du Marronnage dans la traite négrière, une inédite proposition du réalisateur Simon Moutaïrou avec un casting d’actrices et acteurs d’exceptions. Pour ma part, Marronnage un jour – Marronnage toujours, j’y retournerai en payant ma place cette fois-ci.
Marie-Michaël Manquat/katjopine éko
Source : diffusion presse du 9 septembre au Club 13 et dossier de presse
Les jeux «Conficulture» , le quiz du film : https://www.quizconficulture.com/shop/p/le-quiz-du-film
Lien du film : https://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=302435.html
« Ni Chaînes Ni Maîtres », le casting :
Réalisateurs – Scénariste : Simon Moutaïrou
Acteurs et actrices
Ibrahima Mbaye Tchie : Massamba
Camille Cottin : Madame La Victoire
Anna Thiandoum : Mati
Benoît Magimel : Eugène Larcenet
Félix Lefebvre : Honoré Larcenet
Vassili Schneider : Baptiste
Lancelot Courcieras : Joseph
Lazare Minoungou : Rado
Marc Barbé : René Magon de La Villebague
Swala Emati : Mame Nguesso
Bass Dhem : Barbe Blanche
Issaka Sawadogo : Yoro
Komi Amado : Khoulé
Charlotte Saudrais : Ruba
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